Vous rêvez de traverser la France cheveux au vent, au volant de votre 205 GTI préférée, sans craindre de voir poindre à l’horizon un panneau « circulation interdite » ? La carte grise collection – ou CIC pour les initiés – promet monts et merveilles aux amoureux de belles anciennes. Mais faut-il vraiment franchir le cap ? Voici la vérité sur ce choix qui n’a rien d’anodin !
Qu’est-ce que la carte grise collection, et à qui s’adresse-t-elle ?
La carte grise collection, ou Certificat d’immatriculation collection (CIC, pour les intimes), est réservée aux véhicules de plus de 30 ans, dont la production a cessé et qui n’ont pas été modifiés dans leurs caractéristiques d’origine. À noter : pas question de la recevoir par magie à domicile ni de la voir se glisser dans vos papiers sans rien demander, elle doit être sollicitée de votre propre chef. Ce n’est pas une obligation, davantage un privilège à saisir… avec réflexion !
Des avantages dignes d’une émission vintage
Depuis l’arrivée du SIV (système d’immatriculation des véhicules) en 2009, la carte grise collection a perdu ses chaînes : fini le temps où l’on devait demander une autorisation pour quitter son département. Mais ce n’est que le début…
- Contrôle technique à la cool : Pour une voiture CIC, la durée de validité du fameux CT grimpe à cinq ans (sauf pour celui déjà acquis, qui reste valable deux ans). Cerise sur le capot, pour les autos d’avant 1960, le contrôle technique est désormais supprimé !
- Liberté dans les ZFE (zones faibles émissions) : Normalement, c’est vignette Crit’Air obligatoire et restrictions en cas de pollution. Avec une CIC, circulez jour et nuit sans entrave (hors pics de pollution, ne rêvez pas trop).
- Plaques d’immatriculation à l’ancienne : Bye bye les plaques euro blanches réglementaires, bonjour le noir nostalgique, l’argenté rétro, les formats carrés ou arrondis… de quoi parader place de la Mairie sans rougir.
- Statut patrimonial : Passer en collection, c’est voir son véhicule devenir « objet patrimonial ». Et concrètement ? En cas d’accident, pas de procédure VEI (véhicule économiquement irréparable) ou VGE (véhicule gravement endommagé) appliquée. L’administration ne retiendra pas votre carte grise pendant les réparations : vous pourrez TOUJOURS retaper votre bijou – sous réserve d’une nouvelle expertise, bien sûr !
- Assurances à prix d’ami : Les assureurs peuvent proposer des primes très allégées, vu le peu de km annuels de ces vieilles dames du bitume. En collection, c’est souvent encore moins cher.
Le revers de la médaille : pièges et contraintes à connaître
Tenter la carte grise collection, c’est aussi accepter quelques limites :
- Usage strictement personnel : Votre bolide ne peut plus servir à des fins commerciales. Finis les mariages, les films ou les conversions food-truck. Même son d’usage pour le trajet domicile-travail, généralement interdit (avec parfois de la tolérance selon l’assureur, mais rien d’automatique).
- Modifications limitées : Impossible de la moderniser (freins à disque, « bolidage », etc.) au risque de perdre le statut. Seule la fiabilisation ou l’ajout d’options d’époque est tolérée.
- Vice caché, ciao : Lors de l’achat d’un véhicule déjà en carte grise collection, vous ne pourrez plus vous retourner contre le vendeur pour vice caché. Vigilance accrue donc avant l’acquisition, car après, plus de recours possible.
- Changement définitif : Officiellement, on peut théoriquement revenir à une carte grise normale via les DREAL. En pratique, c’est quasiment mission impossible : refus systématique pour les véhicules… de plus de 30 ans. Autant dire qu’il faut assumer son choix.
- Dossier d’obtention (presque) simple : En plus des justificatifs habituels, il faut fournir une attestation de collection (constructeur ou FFVE), à obtenir pour la modique somme de 60 €. Comptez 6 à 7 semaines de délais pour recevoir le précieux sésame.
Bilan : un pas à franchir… ou pas ?
Vous l’aurez compris, sauf ambition commerciale ou besoin de personnalisation avancée, la carte grise collection cochera toutes les cases des passionnés rationnels :
- Restrictions de circulation en moins
- Contrôle technique simplifié
- Liberté de réparation
- Assurance économique
Seule l’impossibilité d’agir contre un vendeur pour vice caché pourra faire hésiter les plus prudents. Mais si votre passion c’est la balade nostalgique, pas la spéculation ou le tuning, il n’y a vraiment plus beaucoup d’arguments pour résister à l’appel de la carte grise collection. Réfléchissez-y, demandez conseil, et surtout, profitez sans complexes de votre ancienne sur la route, vignette Crit’Air ou non collée sur le pare-brise !

Ancien mécanicien, je garde les mains dans le cambouis dès que possible. Sur Quad Import, j’essaie de transmettre ce que j’ai appris sur le terrain, sans jargon inutile. Quad, moto ou buggy, ce qui m’intéresse c’est la technique au service du plaisir de rouler.





