Imaginez-vous en train d’ouvrir la porte grinçante d’une vieille grange perdue au fond de l’Indiana et de découvrir, sous une épaisse couche de poussière, l’une des Mercedes les plus rares du monde. Non, ce n’est pas le pitch d’un film, mais bien une histoire vraie où passion, mystère et grosse somme d’argent se télescopent.
Un coup de foudre et quarante ans de silence
Au début des années 1970, un homme du Midwest américain croise la route d’une Mercedes 300SL Roadster. Le genre de rencontre qui fait battre le cœur plus vite que les aiguilles tournent. Pris d’un véritable coup de foudre, il saute le pas et achète la précieuse allemande en 1976, douze ans après la fin de sa production. Mais contre toute attente, au lieu de savourer chaque tour de roue cheveux au vent, il décide de stationner la splendide Roadster dans une grange située en Indiana. Et là, surprise : il ne la touchera plus pendant quatre décennies. Pourquoi ce silence radio entre l’homme et sa belle mécanique? Mystère total, et tous les scénarios restent permis, des allergies aux chromes à l’oubli pur et simple.
La longue sieste de la 300SL et sa renaissance inattendue
Ce qui est certain, c’est que la Mercedes 300SL a passé quarante ans enfermée, à l’abri des regards (et probablement des pigeons), dans un entrepôt désert. À la mort de son propriétaire, la voiture change de mains et atterrit chez Gullwing Motor Cars, une entreprise spécialisée dans la vente de voitures de collection, américaines et européennes. Là, surprise sous la poussière : sa peinture d’origine, d’un bleu-gris profond, reste visible sous la patine du temps ; les années de retraitement à l’ombre l’ont transformée en un argenté unique. Petit inventaire pour les mordus de rareté : seuls 1 458 exemplaires de la 300SL Roadster sont sortis des ateliers, dont 249 en 1960, année de manufacture de celle-ci. Avec à peine 23 000 kilomètres parcourus, cette Mercedes offrait vraiment la combinaison rêvée qui fait chavirer tous les collectionneurs : rareté, faible kilométrage et histoire insolite.
Pur jus, poussière comprise!
Contrairement à ce que l’on pourrait croire (ou craindre, si on est maniaque du polish), après sa revente à Gullwing Motor Cars, la 300SL n’a pas été restaurée. Non, elle a été proposée telle quelle, en parfait « barn find » : poussière, peinture passée, et tout le récit accumulé au fil des décennies. C’est justement ce côté authentique qui lui confère une saveur inimitable : cette 300SL Roadster, après quarante années de silence, culmine avec son histoire dans un état vierge de toute restauration. Pour les amoureux de voitures classiques, cette pureté non modifiée relève presque du miracle — surtout quand on sait à quel point beaucoup seraient tentés de briquer la moindre vis.
- Peinture bleu-gris d’origine, décolorée vers le gris argent.
- Entretien minimal, véhicule resté inaltéré après la trouvaille.
- Livrée en état de « barn find » avec toute la poussière accumulée.
- Seulement 1 458 exemplaires produits, dont 249 en 1960.
- 23 000 kilomètres au compteur.
Un trésor parti à prix d’or… et une fin mystérieuse
Comme il fallait s’y attendre, cette pépite, entre rareté, kilométrage riquiqui et histoire sortie tout droit d’un roman, s’est affichée à la (modique) somme de 1 095 000 dollars. Un montant à la hauteur de son pedigree exceptionnel — et de quoi faire pâlir le cochon-tirelire des amateurs de belle mécanique. Mais pour ceux qui avaient commencé à envisager de vendre tout leur mobilier pour se l’offrir, la nouvelle risque de serrer quelques cœurs : la 300SL Roadster a déjà trouvé preneur. L’identité du nouveau propriétaire et la somme finale payée resteront eux aussi cachés dans le secret des coffres-forts, tout comme longtemps l’auto l’a été dans sa grange d’Indiana.
À la croisée de l’histoire et du rêve, cette Mercedes rappelle sans détour qu’au royaume des voitures d’exception, les plus belles découvertes ne prennent pas toujours la route… mais parfois la poussière. Moralité : avant de jeter un œil distrait dans une vieille grange, prenez votre lampe torche – et qui sait, peut-être y trouverez-vous la perle rare. Avec ou sans million en poche.

Ancien mécanicien, je garde les mains dans le cambouis dès que possible. Sur Quad Import, j’essaie de transmettre ce que j’ai appris sur le terrain, sans jargon inutile. Quad, moto ou buggy, ce qui m’intéresse c’est la technique au service du plaisir de rouler.




