À moto, il ne suffit pas d’avoir des chevaux : savoir s’arrêter, c’est la vraie classe. Et si on parlait un peu freinage, histoire de stopper net les idées reçues (et accessoirement sa monture) ? Entre frein avant, frein arrière, ABS et alchimie du frein moteur, vous allez découvrir la recette d’un freinage efficace… et surtout sécurisé !
L’art délicat du freinage : équilibre et maîtrise
On parle souvent de la puissance d’une moto à l’accélération, rarement de sa capacité à ralentir. Pourtant, vos freins sont les meilleurs anges gardiens du motard – ils ne vous feront pas avancer (c’est vrai…), mais question safe, ils valent leur pesant d’or ! Que vous soyez débutant ou expérimenté, la règle d’or reste la même : apprendre à doser et répartir intelligemment le freinage.
- Le réflexe du débutant est d’appuyer fort sur le frein arrière, par peur du transfert de masse vers l’avant. Mais surprise : c’est une erreur !
- Durant la formation au permis moto, on vous rabâche la progressivité. Avant de planter un arrêt d’urgence, il faut ralentir doucement, actionnez les commandes avec délicatesse et n’oubliez pas le rôle du frein moteur.
- Selon la configuration, on recommande une répartition indicative de 70 % sur le frein avant, 30 % sur le frein arrière (voire 70/15/15 avec le frein moteur inclus).
Le freinage de l’arrière d’abord permet d’asseoir la moto : la transition de charge vers l’avant sera plus douce et la moto évitera de plonger comme un dauphin excité…
Techniques, ABS et autres sorcelleries modernes
Si Honda, BMW, Suzuki (et même Guzzi à une époque) ont développé des systèmes de freinage combiné, la technologie a évolué vers des ABS électroniques bien plus sophistiqués. Aujourd’hui, c’est la centrale inertielle qui bosse : elle analyse vitesse, rapport engagé, inclinaison… et ajuste la réponse de l’ABS pour éviter le blocage des roues.
- L’ABS ne réduit pas la distance de freinage par nature, il limite surtout la prise de risque quand la roue menace de se bloquer (et d’envoyer le pilote caresser l’asphalte, on s’en passe !).
- L’aide au freinage d’urgence, elle, ajoute un peu de punch pour freiner fort sans tout bloquer.
- Les différents types de freinage :
- Progressif : pression croissante, idéal sur sol incertain ou à allure modérée.
- Dégressif : freinage puissant à l’attaque, qu’on relâche en décélérant – la règle en pilotage sportif !
Et pas de débat sur le nombre de doigts ! Deux suffisent sur les motos modernes, offrant à la fois la puissance et la finesse. Les freineurs à quatre doigts existent, mais attention à doser pour ne pas transformer le freinage en cascade involontaire.
Frein avant, arrière… ou les deux ? Mode d’emploi selon votre moto
Le frein avant est le maestro pour ralentir franchement, surtout quand la moto est droite : sur circuit, la majorité des pilotes n’utilise presque jamais le frein arrière. Mais sur route, ce dernier conserve des atouts majeurs !
- Frein avant : Parfait pour ralentir vite avant un virage, à condition que la moto soit bien droite (merci l’ABS angulaire aujourd’hui). À lui seul, il ne suffit pas pour un freinage sûr et efficace.
- Frein arrière : Après le rétrogradage, il stabilise la moto, l’aide à tourner et compense le transfert de masse déclenché par l’avant. C’est aussi votre filet de secours en cas d’enthousiasme trop débordant !
- Frein moteur : Ne le négligez surtout pas ! Il amplifie l’action du frein arrière et amène de la stabilité, surtout sur les bicylindres à gros couple.
Il existe des variantes selon le type de moto :
- Trails : Avec leurs longues suspensions et gros pneus mixtes, ils exigent un rôle plus important du frein moteur et du frein arrière, nécessaires pour limiter les transferts de masse parfois “rock’n roll”.
- Customs : Leur géométrie (empattement de paquebot !) réduit l’action du frein avant : le frein arrière devient un partenaire incontournable, jusqu’à une répartition 50/50.
Conseil pratique pour progresser et rester en selle
En situation d’urgence, pas de secret : freinez de tout ce que vous pouvez, avec tout ce que vous pouvez ! Il faut maîtriser le débrayage en même temps pour éviter de se faire traîner par le moteur… Et pensez aux stages de perfectionnement : partout en France, gendarmerie, police, FFMC et Casim proposent des journées pour tester vos réflexes, déclencher l’ABS en vrai, jauger vos distances et rafraîchir votre pratique. Quel que soit votre bagage technique, tester la limite sur circuit ou zone privatisée redonne confiance… et recale son cerveau motardus.
En résumé : que vous soyez ninja du poignet ou poète du rétrogradage, jouer la carte du freinage équilibré et anticipé vous gardera (bien) sur vos deux roues. Prenez soin de la théorie ET de la pratique : un frein bien utilisé est le plus fidèle des compagnons, surtout pour rallier la prochaine virée en toute sécurité !

Ancien mécanicien, je garde les mains dans le cambouis dès que possible. Sur Quad Import, j’essaie de transmettre ce que j’ai appris sur le terrain, sans jargon inutile. Quad, moto ou buggy, ce qui m’intéresse c’est la technique au service du plaisir de rouler.





