Voilà une révélation surprenante qui pourrait vous faire pédaler autrement : le vélo, symbole de l’écomobilité, a aussi sa part d’ombre carbone. Rassurez-vous, il ne s’agit pas de transformer votre deux-roues en bouc émissaire de la planète, mais de regarder la réalité en face : même pour nos chouchous de l’écologie, tout n’est pas si vert qu’il n’y paraît !
Un rapport inédit : Trek Bicycle Corporation roule à contre-courant
Alors que la majorité des fabricants de vélos se contentent d’annonces floues sur leur engagement pour la planète – épinglant ici un soupçon d’énergie renouvelable ou là une réduction des déchets qui fait bien sur les réseaux sociaux –, l’Américain Trek Bicycle Corporation vient de publier son tout premier rapport de développement durable. Petit exploit dans la profession : Trek devient ainsi le premier grand fabricant à livrer au grand jour un véritable bilan de ses émissions de gaz à effet de serre. De quoi offrir des révélations dignes d’un Tour de France… des pollueurs.
174 kilos de CO2 : la vraie facture carbone du vélo
On ne va pas se mentir, accuser le vélo d’être un pollueur, c’est un peu comme traiter une salade verte de malbouffe. Et pourtant, à creuser les données du rapport analysé par un blog spécialisé et relayé sur le site du Guardian, on découvre quelques surprises de poids :
- La fabrication d’un vélo Trek génère en moyenne 174 kilos d’équivalent CO2.
- Pour « rentabiliser » cette émission – comprendre : compenser ce que la fabrication a rejeté – il faut parcourir 692 kilomètres… à condition de troquer la voiture contre votre vélo, bien sûr.
Ce n’est donc qu’après 692 kilomètres évités en voiture que les émissions du vélo deviennent, disons, sans mauvaise conscience. Rassurez-vous, il y a bien pire : selon une étude néerlandaise, il faut pédaler au moins 30 000 km pour compenser la seule fabrication de la batterie d’une Tesla Model 3. De quoi finir le Paris-Brest-Paris… vingt fois !
Des disparités cachées derrière la moyenne
Mais tout n’est pas aussi simple que la silhouette épurée d’un vélo : la fameuse moyenne de 174 kilos masque un véritable peloton d’écarts :
- Un vélo d’entrée de gamme plafonne sous les 100 kilos de CO2.
- L’électrification d’un vélo ? Elle ajoute dans la balance 65 kilos d’équivalent CO2.
- La fibre de carbone, très prisée, fait exploser les compteurs : un vélo en fibre produit trois fois plus d’émissions qu’un modèle en aluminium.
- Le record à battre : le vélo de montagne à assistance électrique Rail 9.9, avec plus de 320 kilos de CO2 émis à la sortie d’usine.
Mais tout cela reste largement sous le niveau d’une petite voiture électrique (type Golf : 9,7 tonnes de CO2 à la fabrication) – et encore moins face aux mastodontes des routes, les SUV, et leurs plus de 13 tonnes. Les deux-roues gardent la tête haute, mais la comparaison devient moins flatteuse si on observe la réalité de leur utilisation…
Des biais gênants : entre loisir, marketing et obsolescence programmée
Attention, car la version toute rose du bilan carbone du vélo cache quelques rayures sur la peinture :
- Le chiffre de 692 kilomètres pour « compensation » est à prendre avec des pincettes. En réalité, une majorité des modèles Trek sont utilisés pour le loisir, certains même comme produits de luxe. Résultat : il n’est pas rare que le vélo soit… transporté en voiture jusqu’à son terrain de jeu. Le comble de l’évasion : économiser du CO2 en pédalant, mais en créer en roulant pour aller pédaler.
- À la manière des fabricants de téléphones, les grandes marques de vélo pratiquent l’obsolescence programmée. Chaque année, un nouveau modèle débarque, avec des améliorations parfois minimes, histoire de relancer la demande (parfois un changement de couleur, et hop, c’est reparti).
En somme, si l’on y regarde bien, les fabricants de vélos ne font pas exception : ils fonctionnent sur le même système de production à renouvellement rapide que tant d’autres industries. Mais il faut bien le reconnaître, ils bénéficient d’une image nettement plus vertueuse que leurs cousins des routes et des parkings.
Conclusion : prendre le guidon, oui… mais en gardant les yeux ouverts
Le vélo reste un choix bien plus doux pour la planète que l’auto, et cela ne fait pas de doute. Mais comme souvent, tout n’est pas blanc (ni vert d’ailleurs). Pour rouler vraiment écolo : privilégiez la durabilité, méfiez-vous des fausses innovations et souvenez-vous qu’un vélo souvent utilisé, ça pollue quand même bien moins… qu’une voiture qui ne fait que dormir dans le garage. Alors, prêt à pédaler malin ?

Ancien mécanicien, je garde les mains dans le cambouis dès que possible. Sur Quad Import, j’essaie de transmettre ce que j’ai appris sur le terrain, sans jargon inutile. Quad, moto ou buggy, ce qui m’intéresse c’est la technique au service du plaisir de rouler.




