Quand l’homme qui a dessiné une légende se fait surprendre à en exploiter (un peu trop) le potentiel… Retour sur la mésaventure rocambolesque de Kiyoyuki Okuyama, créateur de la mythique Ferrari Enzo, récemment épinglé pour un excès de vitesse spectaculaire… au volant de sa propre œuvre !
L’ultime paradoxe du créateur : dépasser les limites de sa propre création
Imaginez la scène : une route de montagne dans la région de Yamagata, au Japon, en ce début d’octobre. Le vrombissement rauque d’un V12 atmosphérique fend l’air frais, attirant tous les regards (et un peu les radars…). À son volant, nul autre que Kiyoyuki Okuyama, bras droit du design automobile mondial, à qui l’on doit entre autres la Honda NSX et surtout la Ferrari Enzo. Car oui, ce jour-là, il n’a pas choisi n’importe quelle voiture, mais bien celle dont il a lui-même dessiné les courbes : l’iconique Ferrari Enzo, produite à seulement 400 exemplaires entre 2002 et 2004.
Le décor est planté, mais l’histoire ne tarde pas à prendre un virage dangereux. Alors que la limitation est fixée à 40 km/h sur cette route sinueuse, Okuyama file… à 128 km/h. Calcul rapide : il dépasse la vitesse légale de 88 km/h. Un excès rarement vu, même chez les amateurs de sensations fortes. Et pour cause !
La Ferrari Enzo : une tentation sur quatre roues
Difficile, admettons-le, de garder le pied léger quand on possède (ou pilote) un monstre de 660 chevaux sous le capot. Les légendes de Maranello n’incitent pas à la sobriété. Tout le monde le sait : il est plus facile de perdre la notion de vitesse dans une Ferrari que dans une paisible citadine. C’est un fait, et Kiyoyuki Okuyama ne sera sûrement pas celui qui dira le contraire désormais.
- Ferrari Enzo : V12 atmosphérique 6.0L, 660 chevaux inspirés de la Formule 1.
- Production limitée : 400 exemplaires entre 2002 et 2004.
- Statut mythique dans l’univers automobile.
Avec une telle mécanique entre les mains, difficile de résister à l’appel du bitume, surtout sur des routes où la tentation de « tester » le bolide devient forte. Mais la loi, elle, ne connaît ni passion ni indulgence.
Le tribunal : sur le fil du rasoir
L’infraction de Kiyoyuki Okuyama ne passe pas inaperçue. Contrôlé alors qu’il filait bien au-delà des limites, il s’expose à une sanction sévère. Lors de son passage devant le tribunal, le juge en charge de l’affaire est clair : quatre mois de prison sont requis, le degré d’excès étant jugé « considérable et extrêmement dangereux ».
Mais Okuyama, pragmatique, ne cherche pas d’excuse miracle. Il reconnaît les faits sans protester, jouant la carte de la transparence. Un atout qui s’avère payant : au lieu de connaître le frisson de la cellule, il rentre libre. L’histoire aurait pu s’arrêter là, mais un dernier rebondissement vient agrémenter ce scénario déjà savoureux.
L’avocat du designer tente le tout pour le tout : selon lui, ce surplus de vitesse était nécessaire pour… refroidir le moteur ! La Ferrari Enzo, trop fougueuse pour les basses températures et la conduite tranquille ? L’argument, pour le moins original, n’a manifestement pas convaincu l’audience, qui devait sans doute se demander si une Enzo à basses vitesses fond vraiment comme un sorbet en été.
Apprentissage, prudence et… une bonne anecdote à raconter
Ce chapitre aurait pu se terminer en tragédie judiciaire pour Okuyama, mais il s’en sort, et sans même écoper d’une nuit derrière les barreaux. Reste à espérer que cette aventure le dissuadera, à l’avenir, de s’essayer à nouveau à la Formule 1 sur route ouverte – même (ou surtout) aux commandes de sa propre création.
La morale de cette histoire ? Si la Ferrari Enzo incite à dépasser les bornes — et pas seulement sur le plan du design — il vaut mieux garder le pied sur le frein sur route publique. Les mythes restent des mythes… à condition que leur créateur conserve leur légende intacte, sur la route comme devant la justice. Et puis, qui veut voir Kiyoyuki Okuyama griffonner ses prochains croquis derrière les barreaux ? Certainement pas les amoureux d’automobiles.
À méditer, même si la tentation sonne parfois comme un V12 survolté dans le lointain…

Ancien mécanicien, je garde les mains dans le cambouis dès que possible. Sur Quad Import, j’essaie de transmettre ce que j’ai appris sur le terrain, sans jargon inutile. Quad, moto ou buggy, ce qui m’intéresse c’est la technique au service du plaisir de rouler.





